Documentaire Drame > 50 Min. > Réalisateur : Avi Bohbot > Producteurs et Scénaristes : Yuval Delshad, Avi Bohbot > Sorti en Israël, 2001 > Langues: Hébreu. Sous-titres Anglais/Hébreu > Source : Chaos Films Ltd. > Festivals & Awards: Festival du Film de Jérusalem en 2001 > “Religion Today” Festival de Trento en Italie.
C’est l’histoire de Christine, une jeune allemande non-juive, fille d’une famille protestante, qui émigre en Israël. Il y a 14 ans elle a rêvé qu’elle allait vivre en Israël, liant sa destinée à cette terre et au peuple juif, elle a donc fait ses valises et est partie pour Israël. Après plusieurs années en Israël, elle se sent toujours comme une étrangère, portant la “Marque de Cain” à cause de son origine. Malgré ses nombreuses tentatives de s’immerger dans tous les aspects de la société, Christine continue à vivre “de l’autre côté du miroir”. Capable de voir de l’autre côté, elle expérimente trop souvent les tabous indicibles d’un “étranger” avec des racines différentes. Elle a réalisé un de ses rêves et s’est convertie au Judaïsme, mais même après cela elle considère que les israéliens ne l’acceptent pas entièrement, et que celle réalité n’est pas comme un rêve.
En suivant le parcours musical de Maurice El Medioni, musicien de renom, nous découvrons l’histoire dramatique des Juifs d’Algérie. Maurice et d’autres musiciens Nord-Africains composent leur histoire avec des notes et des images : de la coexistence à l’exil.
L’histoire du musicien Maurice El Medioni est e fil conducteur du documentaire, qui raconte aussi l’histoire turbulente des Juifs d’Algérie. Il y a 70 ans à Oran, alors qu’il n’a que neuf ans, son frère lui achète un vieux piano au marché aux puces. Un jour, Maurice rentre de l’école, s’assied devant le piano, et n’a plus arrêté de jouer depuis. 70 ans plus tard, Maurice obtient une reconnaissance internationale en gagnant le BBC World Music Award pour son album mêlant musique orientale et cubaine.
L’histoire musicale de Maurice donne un point de vue tout à fait singulier sur les événements les plus importants de l’histoire du monde et de la destiné des Juifs d’Algérie. Enfant, Maurice divertissait ses amis d’école Juifs Algériens avec des musiques juives françaises. Puis il se dévoua entièrement à la musique au moment où les lois antisémites édictées par la France occupée bannirent tous les juifs algériens des écoles. A 13 ans, Maurice divertissait avec ses airs de piano les soldats américains qui célébraient leur victoire contre les occupants Nazis en Algérie. Ils firent connaître à Maurice le Boogie Woogie, la Rumba, le Jazz, et d’autres musiques américaines populaires.
Il fait ensuite, encore adolescent, la connaissance de musiciens arabes, qui l’initient au Rai Arabe. S’ensuit en 1948 la guerre entre Arabes et Israéliens, et Maurice a contribué à la création d’un nouveau son Rai. Dans les années 50, pendant la guerre civile en Algérie, sa capacité à mélanger les genres l’a fait devenir un des seuls musiciens Juifs à jouer à l’Opéra d’Oran. En 1961, un an avant la guerre d’Indépendance de l’Algérie, les tensions étaient très fortes entre Juifs et Arabes. Les droits européens n’étaient pas accordés de manière égale aux Juifs et aux Arabes. C’est à ce moment là qu’un million de colons français et 160 000 juifs algériens ont quitté la France pour Israël. Maurice a aidé à établir ce qu’on appelle la “musique du monde”. Son voyage musical et personnel représente l’exil des Juifs d’Algérie : d’une coexistence pacifique entre Juifs et Arabes avant la seconde Guerre Mondiale à un exode dramatique de 160 000 Juifs Algériens en France, Israël, et ailleurs.
Traitement
Une Histoire Musicale w La musique est un élément fondamental du film. Elle voyage avec les juifs Algériens comme un personnage principal de l’histoire, et évolue à travers les conflits historiques. L’histoire des Juifs d’Algérie est racontée à travers des entretiens avec des musiciens qui racontent leur expérience. Les musiciens, dont on voit à la fois les représentations musicales et les entretiens, facilitent le rythme et la narration. Nous utilisons leur musique et leurs voyages pour raconter l’histoire d’une nation de Juifs.
La Structure de l’histoire w Le film est raconté à travers les yeux de Maurice El Medioni. Son histoire couvre tous les combats des juifs algériens de ce dernier siècle. Maurice est partagé quant à son sentiment d’appartenance vis-à-vis de l’Algérie car il s’y sent chez lui, mais a dû la quitter. Sa musique reflète ce conflit. Nous allons faire un montage mêlant des séquences musicales avec des séquences historiques de l’Algérie.
Matériel d’Archive w Maurice nous a donné plus de 10 heures d’archives de sa vie et de son voyage. Cela inclut ses photographies, les films de ses concerts et de sa vie personnelle. Nous avons également trouvé beaucoup d’archives sur l’histoire d’Algérie.
Aujourd’hui w A 83 ans, Maurice ose enfin émigrer en Israël afin d’achever un long combat pour le maintient de l’identité juive. Maurice a acheté un appartement à Netanya, terre de nombreux juifs français, pour vivre loin de tout ce qui pourrait lui rappeler sa vie antérieure. Netanya est une grande ville à dimension humaine. Tout le monde se connait, et les gens sortent souvent dans de petits cafés qui ressemblent à ceux d’Oran il y a 70 ans : on y retrouve différentes langues et musiques réunies : Française, Arabe, Hébraïque…
L’Orchestre Andalou Israélien a invité Maurice à devenir un joueur important dans leur tournée de concerts. Celle-ci commence en Février, et nous suivrons les concerts afin de créer une fin qui sanctifie une vie juive et musicale.
Jouer dans un Piano Bar w A Tel Aviv, Maurice joue au “Bialik Café”, du nom du poète Israélien, un endroit petit et sombre. Jouer dans ce bar donne à son histoire une parfaite cohérence, de ses débuts dans la musiques à Oran jusqu’ici.
Nostalgie à Jérusalem w Maurice a fait un concert à Jérusalem. La majorité du public était originaire d’Algérie et du Maroc, venus écouter la musique de leur enfance. C’est une sorte de famille réunie où de chaleureuses embrassades tentent de combler le vide de l’exil et de la perte de leur terre.
Au concert, Maurice a invité un jeune homme de 20 ans à jouer avec lui en duo. Leur son était harmonieux, et on peut voir que Maurice transmet sa musique comme un héritage car il a peur que celle-ci disparaisse avec la disparition de cette ancienne communauté hébraïque.
Festival à Jaffa w Maurice joue au “Blue” Festival à Jaffa, où Juifs et Arabes participent ensemble. Au début du concert, il joue certaines de ses compositions classiques. Quand il commence à jouer des chansons Arabes, ceux-ci commencent à s’intéresser. Puis suivent les Israéliens qui commencent à chanter, danser et applaudir. Maurice est revenu à ses racines.
De retour en Afrique du Nord
Au festival de musique Andalouse Atlantique à Essaouira au Maroc, Maurice joue de nouveau en Afrique du Nord. Son concert, qui a attiré des centaines de fans et de musiciens du monde entier, lui a permis de revenir à une coexistence Juive/Arabe, appartenant jusqu’à alors à un passé duquel il était banni. Lors d’une conférence, les Marocains intellectuels et officiels ont pu librement parler de la relation entre les Juifs et le Maroc. Ils ont décrit la perte des Juifs comme une hémorragie : les Juifs faisaient partie du “sang” du Maroc, s’écoulant avec leur héritage culturel et social. Maurice et sa musique sont un symbole représentant cette “greffe”.
Le film croise les concerts mentionnés ci-dessus et les événements majeurs de l’histoire d’Algérie, ainsi que l’histoire d’autres Juifs d’Algérie, ce qui laisse une grande place à la musique, du début à la fin.
Déclaration du Réalisateurw Je m’appelle Avi Bohbot et j’ai entendu Maurice El Medioni pour la première fois il ya seulement un an. Plusieurs années avant Maurice et les 160 000 juifs qui ont quitté l’Algérie, mes parents ont quitté le Maroc pour accomplir leur rêve de revenir en Israël. Ils ont quitté une ville campagnarde, Ouezzane, dans le nord du Pays. Ils n’ont emporté que les choses essentielles au milieu de la nuit et sont partis pour Israël, laissant derrière eux des milliers d’années d’ascendance sépharade et hébraïque.
La déchirure de leur pays a été aussi difficile que pour Maurice. Après s’être établis en Israël, ma mère voulait oublier son chagrin et célébrer sa joie à travers la musique Nord-Africaine d’un 45 tour qu’elle chantait et jouait. Les chansons de Sami Al Mughrabi, Joe Amar, et bien d’autres résonnent toujours en moi, malgré ma mémoire défaillante.
Après avoir filmé plusieurs représentations de Maurice, et écouté sa musique de nombreuses fois, je me suis rendu compte que Maurice était un de ces musiciens que ma mère me jouait quand j’étais enfant.
La musique permet de dire des choses que les mots ne peuvent exprimer. La musique que joue Maurice est au-delà des mots ; un lieu où les conflits, résolutions et fatalité sont simultanés. C’est seulement maintenant, presque 50 ans plus tard, que je comprends vraiment l’importance des Juifs d’Afrique du Nord dans l’histoire Juive.
Il y a aujourd’hui plus de Juifs en Allemagne que dans tous les pays Arabes réunis. Il est troublant qu’après plus de mille ans de coexistence les Juives ne puissent soudainement plus vivre dans des pays Arabes. Quand je suis allé au Maroc, je me suis senti chez moi, et j’ai été accueilli à bras ouverts par les Arabes, qui m’ont traité comme un frère. Cela me donne de l’espoir. L’espoir qu’un jour nous puissions tous exister dans un monde qui ne différencie et catégorise les gens par leur religion et leur race. L’espoir que les juifs puissent retourner sur leur ancienne terre. Et l’espoir que l’histoire et la progression ne puissent faire plus qu’un.
Notes de Exile est un film doux et osé qui doit être révélé avant que la musique et les lieux abandonnés par Maurice et les Juifs ne soient perdus à jamais.